mercredi 30 juillet 2014

II. Foi, Sciences et Religions



A. Introduction :

La foi est-elle compatible avec l'esprit scientifique ; la Religion et la Science sont-elles compatibles ? Généralement, ce sujet suscite de violentes réactions, tant chez les croyants que chez les non croyants, athées comme agnostiques. En réalité, il est principalement question d'aptitudes individuelles et d'intégrité personnelle, plutôt que d'une règle générale. Nous allons dans ce billet, soutenir que la foi en Dieu est compatible avec l'esprit scientifique, et que celle-ci ne conduit pas en soi à brouiller l'esprit de neutralité et de démarcation.


B. Foi et Humilité :

En principe, la foi devrait susciter une remise en question intra-personnelle conduisant à une approche neutre et à une remise en question systématique de ses idées. Même si souvent, la croyance conduit à un esprit fermé au doute, et au refus de se remettre en question.

En fait, l'idée que l'on puisse détenir un savoir absolu devrait être incompatible avec la modestie requise dans un esprit religieux. Même face à un texte religieux, l'esprit critique personnel déterminera ainsi la capacité à se démarquer par rapport à sa lecture propre du texte, ou plus généralement de celle qui est imposée par un consensus collectif commun au groupe de fidèles. Tandis que la personne qui ne parvient pas à concevoir qu'un texte puisse être lu et compris de façon variable ne pourra généralement pas se remettre en question. En sorte que la religiosité ne constitue pas en soi un obstacle à l'esprit scientifique, mais se situe bien en aval. Il n'est pas étonnant qu'ainsi des scientifiques de référence tels que Newton ou Copernic aient été des personnes profondément croyantes ayant bouleversé le cours du savoir.


C. Croire en Dieu ou en Un Eléphant Rose Ailé :

L'humilité nécessite une remise en question de toutes ses croyances et de tous ses points de vue, or la croyance en Dieu est parfois comparée par des sceptiques en la croyance en l'existence de quel qu'être imaginaire de manière totalement farfelue. Ce qui constitue évidemment la marque de pauvreté d'esprit critique. La croyance ou non en Dieu ne pouvant pas être considérée comme une croyance quelconque, de par le fait qu'il est question d'une croyance existentielle visant à expliquer l'ontologie de l'existence-même, qui n'est pas expliquée par la science ; laissant donc la place libre à l'idée d'un démiurge. Là où par exemple un éléphant rose ailé ne se fonde sur strictement aucun élément fondateur comparable.



Proposer la croyance en l'existence d'un ètre farfelu tel un éléphant rose ailé, comparativement à la foi en Dieu est un raisonnement irrationnel, car la croyance en Dieu se fonde sur l'existence de l'Univers qui ne devrait intuitivement pas exister et n'est pas un concept sans fondement.


D. Vérité Absolue et Vérité Réfutable :

Nous pouvons organiser la vérité en deux catégories, la vérité absolue, ou doctrinale qui est garantie et interdite de remise en question. Et la vérité réfutable qui doit pouvoir se vérifier et être réfutable. Ce qui signifie en clair que nous ne possédons concrètement nulle vérité absolue. Dans cette optique, nous pouvons souligner que l'instrumentalisation de la science tantôt par des religieux pour consolider leurs croyances, et tantôt par des athées pour soutenir l'inexistence de Dieu, est un exemple de manque d'esprit critique ou scientifique. L'existence ou non d'un Principe créateur est hors du domaine de compétences de la science, même si elle n'est toutefois pas en marge du domaine de la logique, nous y reviendrons plus loin.


E. Les Limites de La Science :

En ce début du XXIeS, l'une des avancées scientifiques les plus caractéristiques est la prise de conscience des limites de la science. En effet, malgré des avancées considérables et des techniques de plus en plus fines et précises, aucun domaine étudié par la science n'est abouti. Ainsi, au niveau de la physique subatomique persiste la dualité onde/corpuscule, les modèles sur l'embryogenèse sont fragmentaires (les processus demeurent presque totalement impénétrables), l'arbre du vivant et les mécanismes de l'évolution sont éclatées et aucun modèle uniforme ne peut être avancé, les modèles astrophysiques incompatibles se concurrencent sans qu'aucun ne puisse s'imposer de façon concluante. La science n'a en ce sens rien expliqué de façon uniforme qui fasse l'unanimité.

Les modèles et théories concurrents répondent aux observations dans le cadre de leurs paradigmes fondateurs, tandis qu'ils sont incompatibles entre eux.


F. Un Univers Relativiste Probabiliste :

La révolution quantique a révélé que le fond de la matière est probabiliste, que l'espace et le temps-mêmes émergent par des processus probabilistes et statistiques. La présupposition qu'il existe une réalité simple et intuitive (rasoir d'Ockham) qui constitue l'un des principes charnières de la science n'est elle-même pas fondée à proprement parler sur une démonstration réfutable. Or, la réalité se révèle émerger selon des principes chaotiques qui se révèlent non linéaires à mesure des avancées techniques et de l'accumulation des moyens d'observations. En sorte qu'il s'avère que la science est condamnée à se limiter en la mesure statistique en surface des événements sans pouvoir en pénétrer les processus profonds. Ainsi, il devient logique que nous aboutissions à des modèles qui sont valables dans le cadre de leurs propres paradigmes, tout en étant incompatibles les uns par rapport aux autres : chacun consistant en une approche interprétative du champ phénoménologique de chaînes d'événements dont les fondements émergent de processus aveugles et statistiques. Nous demeurons donc à jamais condamnés à observer des effets et les interpréter, tandis que leur émergence procède de contingences statistiques acausales.



Les modèles et théories sont condamnées à se réduire à une perpétuelle interprétation des effets finaux, tandis que le fond et l'essence profonds demeurent non causaux. Ainsi, chaque modèle ou théorie est valable dans son propre contexte paradigmatique, mais demeure non garanti en dehors du paradigme, comme cette image double dont aucune n'est plus fondée que l'autre.

Le temps et l'espace n'existent pas en soi et consistent en autant d'illusions qui se dissipent à mesure que nos techniques de mesure s'afinent, et émergent de processus proababilistes sous-jascents nus de temps et d'espace. Ainsi, nous sommes condamnés à nous borner à la surface des événements. Plus les modèles s'étendent, plus la perception et la mesure perdent de leur intuitivité. Un bel exemple à cela est le boson de Brout-Englert-Higgs. En effet, les spécialistes qui prédisaient son existence en arrivent eux-mêmes à des approximations plus ou moins fiables.



Le boson de Brout-Englert-Higgs est un exemple de la disspipation des contours de la science à mesure que les modèles s'étendent. L'existence-même de cette particule est une attente hautement théorique, similaire à la matière sombre ou l'energie noire.


G. La Science Comme Croyance :

La science en ce sens s'apparente sous certains aspects aux mythes antiques, qui ne consiste concrètement qu'en des interprétations considérées satisfaisantes dont nous avons besoin mais qui ne constituent pas des vérités strico-sensu et dont nous dépendons en fait simplement psychologiquement. En effet, si nous devions chercher une certitude, nous serions condamnés à nous borner dans des dogmes. Tandis que quand nous refusons de chercher des certitudes, nous demeurons condamnés à des croyances ou interprétations qui ne seront jamais garanties. Donc, religieux ou non, nous sommes condamnés à croire sans jamais détenir de véritable certitude. Or, la foi en Dieu trouve toute sa place dans ce contexte conceptuel. Science et Religion ne sont donc pas incompatibles.








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